C’est un « running raid nocturne » entre les villes de Saint-Étienne et de Lyon, d’une distance allant de 23km et 76km entre les différentes épreuves.
Victor AUDUREAU s’est tenté a cette expérience de la longue distance sur l’épreuve reine du 76km :
» Ces deux saisons au TCN m’ont ouvert petit à petit à la planète running et au dépassement de soi, c’est pour cela que je me suis inscrit au printemps sur la SaintéLyon.
Ce samedi à 23h30, après quatre mois de préparation et 1100kms de cap avalés, je me suis donc élancé sur cette mythique épreuve que je vais vous résumer.
18h : départ de Lyon en navette pour rejoindre Saint Etienne, organisation très bien rodée pour cette 66ème édition.
19h30 : arrivé et installation de mon « camp de base » pour attendre les 4 prochaines heures dans le grand hall des expos. Le temps de s’alimenter, passer quelque coups de fil pour prendre du courage, faire une pause toilette, se détendre un peu, finalement cela passe plutôt vite, le point positif c’est que j’arrive à ne pas trop penser à la course et à ne pas appréhender.
22h : Ça commence à bouger, certains sortent déjà sur la ligne de départ. Nous sommes 6500 et l’organisation a prévu de faire partir 1500 coureurs tout les quarts d’heure à partir de 23h30. Ils annoncent de la pluie toute la nuit et je me dis donc qu’il serait peut-être intelligent de partir dans la première vague pour ne pas avoir un terrain trop labouré, je sors donc dés 22h.
23h30 : 1h30 à attendre par 5 degrés… heureusement qu’il ne pleuvait pas encore… Mais finalement je suis bien dans la fin de la première vague, je pars donc à 23h30 pétante pour en découdre.
1h14 : premier ravito, 1h42 de courses, 17,5 kms avalés et 600m de D+ déjà derrière.
Je suis super content, tout se passe bien, c’est beau, il ne pleut pas encore. Bref les kms défilent et je prend du plaisir, ça s’annonce bien… (rappel à moi-même : ne jamais se réjouir trop vite…)
2h50 : le mythique ravito de sainte Catherine (ou une bonne partie des abandons a lieu chaque année et je comprend pourquoi…) 3h19 de course, km 31, 1058m de D+ .
La pluie et le brouillard se sont invités à la course (et il ne nous quitteront plus), j’ai remis mon K-way, la visibilité est compliquée, ce qui rend les descentes périlleuses je freine donc dans les descentes en amortissant avec les genoux… De plus, des douleurs commencent à apparaitre, tension plante du pied droit, petite douleur talon gauche… Et là je me dit, il te reste 46kms ce que tu n’as jamais fait de ta vie avec des jambes fraîches, comment tu vas faire… Je change donc de stratégie psychologique et me dit, il te reste 9,5 kms pour arriver au 3eme ravito, ça tu sais faire ! Je repart donc malgré tout avec le moral.
4h01 : 3ème ravito, 4h30 de course, km 40, 1353m de D+.
Première partie où les descentes sont techniques et longues, avec un terrain qui se détériore et une visibilité qui ne s’améliore pas franchement. Du coup, à force de freiner les descentes une nouvelle douleur apparaît au niveau du ménisque gauche. Les autres douleurs sont stables. En revanche je suis maintenant vraiment trempé donc les premiers kms après chaque ravito je suis frigorifié mais le reste du temps ça reste correct. Au niveau du moral ça va mieux, la moitié est faite et je repart toujours avec l’idée que cette fois il me reste 12,8 kms pour le quatrième ravito, et ça, je sais faire !
5h38 : 4eme ravito, 6h06 de course, km 53, 1640m de D+.
Toujours ces fu..ing descentes, mon genou me fait de plus en plus mal, même en monté maintenant, si bien que je suis obligé de grimper avec la patte quasi tendue, moins facile… la tension du pied droit se majore donc je choisis de déserrer légèrement ma chaussure kit à risquer l’entorse et cela me soulage légèrement. J’appelle ma copine pour lui dire qu’il me reste environ 3h de course qu’elle sache vers quelle heure se poster à l’arriver… là je réalise encore 3h et je reprend un petit coup au moral (mais chut, je garde ça pour moi pour ne pas l’inquiéter) du coup en raccrochant j’élimine cette pensée négative et je repasse en stratégie « plus que 11 kms avant le DERNIER ravito ».
07h07 : 5ème et dernier ravito, km 65, 1863m de D+.
Les douleurs ne font qu’empirer, je suis toujours trempé et je commence à avoir bien froid. Mais je cours toujours, un peu en mode « machine », sans trop penser. A ce stade, ce ne sont plus des chemins mais des ruisseaux tellement il pleut, avec sur certaines portions de l’eau gelée jusqu’au genou. Mais ce ravito est synonyme de dernière ligne droite dans ma tête donc même si je commence à être épuisé, je repars confiant.
07h50 : je passe le panneau « il vous reste 5 kms », je regarde ma montre… il me reste 40min si je veux être sous les 9h, je me dis que c’est assez large en temps normal mais qu’aujourd’hui ça peut être chaud… Donc dés que la pente me le permet j’essaie de toujours remettre un peu plus que ce que j’ai. Malheureusement je n’ai plus grand chose dans les chaussettes (à part de la boue). Peu à peu le jour se lève, et bizarrement les jambes sont plus légères, il y a moins de côtes et j’arrive à finir les 3 derniers kms un peu plus fort pour passer la ligne d’arrivée à :
08h30 : 314 ème en 8h59m54s !!!!! Le grand sourire, le soulagement, la satisfaction, la fatigue, la douleur, bref, un sacré truc cette SaintéLyon…
Malgré la douleur et la fatigue je suis donc super content de cette expérience et même si pour les puristes de notre club ce n’est évidement pas du triathlon, je conseille cette course à toute personne voulant repousser un peu plus ses limites, autant physiquement que mentalement.
Maintenant je vais pouvoir me remettre un peu plus sérieusement à l’entrainement triathlon parce que c’est quand même pour ça qu’on est là !!
Pour finir, voici mon petit conseil nutrition :
Une madeleine avec du saucisson à chaque ravito tu prendras
Ainsi jusqu’à l’arrivée l’hypoglycémie t’épargnera !!
Hahaha
Et n’oubliez pas : Soyez fort !
Sportivement,
Victor Audureau »
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