#

Vidéos natation : purs nageurs vs triathlètes

Vous êtes nombreux à aller sur le net voir des vidéos de natation, en vous questionnant parfois sur comment nageaient les élites. Certains espèrent meme au fond d’eux meme que cela pourrait presque les dispenser d’aller dans l’eau pour progresser 😉

Pour en discuter régulièrement avec vous, je fais toujours quelques remarques principales.

Qui êtes vous aller voir ? Nageurs ou triathlètes ?

Etait ce un spécialiste de 50m, 100m (on parle de sprint) ou demi fond (800/1500m?)

Etait-il filmé à basse vitesse ou à vitesse de course ?

En préambule, j’alerte rapidement l’athlète qu’il sera difficile de vouloir modéliser et copier cette technique, acquise après des milliers d’heures d’entraînement.

Un nageur élite (de demi fond) nage de 50 à 90km (parfois 100km)(on a eu chez nous il y a quelque année Augustin A qui était passé par le pole natation de haut niveau de Font Romeu et qui avait confirmé la chose (l’une de raison pour laquelle il avait choisi de se diriger vers le triathlon)).

Sur 50 semaines par an, cela donne au moins 3000km/an.

On répète cela sur plusieurs d’année (6-10ans).

Guennadi TOURESTKI « Le niveau d’Elite n’est atteint qu’après environ 10 000 km dans l’eau. »

Mon expérience me montre que la plupart des triathlètes nage (c’est une moyenne bien sur), 2x1h00 (2500m environ) par semaine (40 semaines par an). Cela donne environ 200km par an.

En second point, j’informe que beaucoup de nageurs observés ont (très souvent) une nage construite sur les jambes : Alexander POPOV (valait 27secondes sur 50m jambes seules) et /ou ont des gabarits très loin du morphotype triathlètique (+ou- 1,80m – 65-70kgs) :

San YUNG (2.00m & 92kgs)

Michael PHELPS (2,01m envergure)

Ian « THORPEDO » THORPE (pointure 52)

Pour commencer, donnons une idée des vitesses de déplacements entre natation pure et triathlon.

HOMMES                                                                        FEMMES

natation (grand bassin 50m)

50m : 20’’91 (20’’91’’/50m)                                              50m : 23’’67 (23 »67/50m)

100m : 46’’91 (23’’45/50m)                                             100m : 51’’71 (25’’85/50m)

400m : 3’40’’ (27’’50/50m)                                              400m : 3’56’’ (29’’50/50m)

1500m : 14’31’’ (29’’03/50m)                                          1500m : 15’20’’ (30’’66/50m)

eau libre

5000m : 53-54’ (32’’00/50m) 5000m : 57-58’ (34’’50/50m)

10000m : 1h48’ (32’’50/50m) 10000m : 1h55’ (34’’50/50m)

25000m : 4h51’ (35’’00/50m) 25000m : 5h08’ (37’’/50m)

triathlon

WTS – JO :1500m 17’00-17’30 : (35’’00/50m)

IM : 47’-50’ (37’’00 – 40’’00/50m)

age grouper 1500m 22’30 (45’’00/50m)

age grouper IM 60’00 : (47’’36/50m)

Regardons maintenant comment nage un triathlète de haut niveau ?

Harry WHITSHIRE (toujours premier pack en coupe du monde, vainqueur de l’Ho’ala Training Swim à Kona, prsessenti au départ pour être le « Domestic »  (c’est à dire emmener les Frères BROWNLEE en natation et vélo aux JO de Londres (ils n’ont pas eu besoin de lui – ils ont fait 1 et 3) (il tient ce rythme là sur 1500-3800m).

Quelques sont les choses remarquables et à degré moindre que vous pouvez appliquer à votre nage.

* Un corps parfaitement horizontal

* Pas d’écartement des jambes (souvent le cas lors de l’inspiration)

* Des chevilles en extension (beaucoup maintiennent les chevilles en flexion)

* Un roulis controlé

* Un roulis plus marqué à gauche du coté de l’inspiration (souvent un excès de roulis chez les nageurs du club, qui passent à 90 degrés au moment de l’inspiration)

* Une bonne dissociation des ceintures (les épaules sont mobiles (dans le plan haut/bas et avant/arrière, mais les hanches restent plus ou moins stables)

* Une amplitude réduite (1mètre par coup de bras)(chercher à diminuer le nb de coup de bras n’est pas toujours mieux)(au contraire d’ailleurs).

* Une fréquence gestuelle elevée (autour de 90 CDB/minute)(en lien avec les autres triathlètes de hau niveau (entre 80(très rarement en dessous) et 100 CDB/mn)

JO de Londres 2012

1er Alistair BROWNLEE : 89 CDB par minute

2e Javier GOMEZ : 82 CDB par minute

3e Johathan BROWNLEE : 92 CDB par minute

(pour info San YANG, recordman du monde du 1500m nage à 60C CDB/mn (mais les contraintes sont différentes)

*un battement deux temps (qui permet de maintenir les jambes proches de la surface et d’equilibrer le corps (comme en cap, pour une action de bras, une (et une seule) action de jambes (beaucoup moins énergivore, et qui permet d’éviter une fatigue (neuro)musculaire pour vélo et cap qui suit derrière.

Gregorio PALTRINIERI, Leah SMITH, Laure MANADOU, Brooke BENNETT, Janet EVANS, Kate ZIEGLER, (tous nageurs de demi fond), … nagent eux aussi en battement deux temps)

*Aucun temps morts dans la nage – la prise d’appui est immédiate

*Une continuité d’action motrice (donc pas de nage type Galop ou semi rattrapé – valable uniquement si on un gros battement 6 temps derrière)

*Une attaque de bras sur l’axe des épaules (beaucoup cherchent trop l’axe central lors de l’attaque et viennent bien souvent croiser – et au final les jambes partent coté opposé pour tenter de rattraper cet « équilibre, et donc c’est donc la nage « en banane » ou en « serpent »- c’est bien souvent la cause de la perte d’alignement, plus que du manque de gainage.

* un trajet moteur quasi rectiligne là aussi sur l’axe des épaules.

* une oxygénation tous les 2 coups de bras, donc environ 45 cycles respiratoires par minute (je prends souvent l’exemple du triathlète lambda du club qui nage à 60 coups de bras par minute, et qui respire tous les 3 cdb , cela donne 20 cycles respiratoires par minute ce qui est bien trop peu pour évacuer le CO2 et alimenter suffisamment les muscles en 02 – je rappelle également que avec des beach starts et les sorties à l’australienne, vous arrivez dans l’eau déjà essoufflé avant d’avoir effectué le premier mouvement de crawl !

* une sortie de la main rapide, et une flexion de coude très peu marquée voir inexistante sur le retour aérien (en photo premier pack à Hawaii et premier pack JO de Londres)

Maintenant je n’invite bien sur pas tout le monde à chercher à nager comme lui, car cela demande une condition physique énorme pour maintenir une telle gestuelle sur la durée. Mais beaucoup de points listés plus haut sont à chercher à prendre en compte dans sa nage.

Mes observations quotidiennes me montre aussi que la plupart des 3 athlètes nage plus ou moins correctement :

1) à basse vitesse

2) sur un organisme frais (le 50m le plus rapide de l’entrainement est parfois le 1er!)

mon principal mentor australien m’a appris le concept de TUF = Technique Under Fatigue.

c’est à dire que l’on cherche à maintenir la technique

1) sur des intensités proches des vitesses de compétition

2) en situation de fatigue (beaucoup d’entre vous se dégradent TRES(TROP!) RAPIDEMENT)

3) et donc faire un nombre important de répétition à intensité de course (pour beaucoup 30-40x50m pause 10’’ ou départ constant, le double pour le IMen, c’est une bonne série)(une ancienne championne du monde de triathlon faisait quasi quotidiennement 200x25m départ 25sec)

Je ferais prochainement un second article sur les principaux défauts techniques observés au club.

ps; en photo George CORONES recordman du monde catégorie des 100-104 ans, sur 50m nage libre, en 56.12 secondes.

T

C

N

Rédigé par :

Rodolphe D.

Rodolphe D.

Dans le monde triathlétique depuis 1990.