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2021 : court ou long ?

Même si la période est incertaine, avec l’arrivée prochaine du vaccin, on peut penser que la saison 2021 pourra se dérouler à peu près normalement (croisons les doigts).

Vous êtes nombreux à m’envoyer des mails concernant vos objectifs 2021 et en particulier pour certains le souhait de monter sur la distance supérieure, à savoir Half voir Ironman.

Bien sur la décision finale sera prise par l’athlète et non par moi (heureusement), mais voici quelques axes de réflexion.

Cette volonté doit être décidée par vous même, et non pas pris dans un engrenage à la va-vite motivé par autrui. Une bière à la main on peut facilement se projeter dans tout et n’importe quoi, sous entendu, on ne s’inscrit pas uniquement à une épreuve longue distance parce que les copains (copines) y vont.

Sportivement parlant, si l’on s’inscrit sur un long, c’est pour produire une performance honorable et pas uniquement pour finir, et impressionner ses secrétaires au bureau avec ses bracelets de course et son tee-shirt finisher, en arrivant au bureau le lundi (on evitera les escaliers), encore moins ses camarades de ligne d’eau avec ses numéros de course restés tatoué sur le bras jusqu’à pour certains 7 jours après la course. Vous allez me dire, certains se tatouent bien (à vie) le logo IRONMAN sur le mollet ou sur le biceps.

Finir en soi une épreuve que, dans votre entourage, tout le monde qualifierait de surhumain, n’est pas forcément un objectif sportif.

Nous avons eu au club il y a quelques années, un athlète qui avait pour objectif de finir DERNIER sur l’Embrunman. Il commençait une préparation un peu plus sérieuse début juillet, afin d’avoir quand même 6 semaines d’entrainement – oui même pour être dernier, y’a quand même quelques bosses à monter 😉

Il trouvait qu’il serait sans doute le plus encouragé sur le millier de concurrents, sur cette journée de la Sainte Marie, même bien plus que le premier, car au vu  du public, il serait encore plus méritant que le premier, qui n’a lui que cela à faire de sa journée,  de s’entrainer.,

(Son second objectif annuel était lors des Foulées du Tram, de sprinter sur 200m (quitte à mourir après) pour avoir une chance d’être en photo avec les leaders sur le Presse Océan du lendemain.)

Autre point essentiel. Allez vous avoir le temps de vous préparer correctement sur une épreuve qui va durer entre 5h00 et 16h00 ?

Autant on peut s’en sortir correctement sur des XS-S et M avec un volume d’entrainement réduit, mais quid sur du long ?

Allez vous pouvoir caler les entrainements qui font permettre d’arriver près sur la ligne de départ?  Pour les IM, ce qui est le plus chronophage, ce sont les sorties vélo de 4h00-6h00.

Faudra bien briefer Madame avant de se lancer dans ce genre de projet et aussi lui dire que son vélo actuel n’est pas du tout conçu pour l’épreuve, donc il faudra rapidement en changer, car c’est bien connu, plus l’épreuve est longue, plus il faut du matériel rigide  et testé en soufflerie pour rouler à 50km/h (jamais en dessous de 450 watts.)

De plus après ce genre de sorties, (une fois que l’on aura uploadé sa sortie sur strava) l’appel du canapé est grand, et donc on est aussi forcément moins disponible pour autre chose.

« Cela serait bien que tu fasses la pelouse (ou pire la haie )  » va vous proposer gentiment Madame au retour de votre longue chevauchée  😉

De plus, si vous avez des projets autres (achat immobilier, rénovation, changement de boulot ou de poste, enfant qui arrive, …), chronophage en terme de temps et d’énergie. Il faudra là aussi s’interroger et ne pas hésiter à décaler d’une année.

La crise de la quarantaine (cela marche pour toutes les dizaines), sont souvent propices, à se dire, « j’ai 40 ans l’an prochain, cela serait bien que je fasse un IM  »

Moi je ne regarde pas l’age mais la possibilité de s’entraîner (et de récupérer et d’encaisser la charge).

A 50 ans, vous prendrez des fois moins de risques à vous commander une ROLEX. (recommandation d’un grand publicitaire).

Après je regarde plusieurs choses.

Qu’est ce que vous aimez faire en terme de série et de séance à l’entrainement ?

Etes-vous plus enthousiasmes à faire 12x400m sur un piste ou 2h00 de footing long en cap?

Un clm de 20km vélo vous excite t’il plus que 150km de vélo (parfois dans le vent et sous la pluie).

Idem, est-ce un calvaire de faire 40x100m en natation? (même si on lit tellement que sur IM la natation ne représentant que 10 % de la course, cela ne sert pas à grand-chose de nager (on peut déjà pronostiquer un chrono sur le marathon avec un raisonnement pareil)).

J’ai connu des triathlètes professionnels qui sont restés toute leur carrière uniquement sur du courte distance car après 2h00 de vélo ils commençaient à s’ennuyer. J’ai connu aussi des pro qui faisaient du long, (même si ils auraient préférer rester sur du court), parce que leur niveau natation ne leur permettait pas d’être compétitif sur court.

Au niveau du plan de carrière, physiquement, j’ai pu remarquer bien souvent que l’athlète sera meilleur sur long si il avait déjà optimiser son niveau sur court. (De plus en terme de motivation, et de durée de vie dans l’activité, mieux faut monter progressivement)

On peut également le voir à haut niveau, bien souvent.

Mark ALLEN a été champion du monde courte distance avec de gagner Hawaii (la meme année en 1989) (il a répété cette victoire encore 5x).

Ceci est valable aussi pour Jan FRODENO (champion olympique en 2008 et vainqueur ensuite à Hawaii).

Chris Mac CORMACK (champion du monde courte distance 1997)(Kona 2007 et 2010).

Tim DON, Scott MOLINA, Greg WELCH, Javier GOMEZ, Joanne KING, Daniela RYF,…, sont dans ce cas.

Certains comme Alistair BROWNLEE sont capables de jouer sur les deux tableaux sur des intervalles très rapprochés, mais ce gars là vient d’une autre planète.

C’est aussi valable dans le monde de la course à pied.

Pour rappel, Eliud KIPCHOGE, fut sacré champion du monde du 5000m en 2003, en 12min52sec79 avant de faire la carrière sur marathon qu’on lui connaît (imaginez le kilométrage qu’a pu emmagasiner ses jambes en 20 ans..). Ou pour Kenenisa BEKELE ou Paula RADCLIFFE.

En cyclisme, Bradley WIGGINS fût pistard, et spécialiste des efforts de 4minutes (médaille d’or JO de 2008) avant de gagner de grands tours (Tour de France 2012)

(Pour l’anecdote, les pistards, même pour préparer des compétitions de 4’00, roulent plus ou moins 30000km par an).

En natation, Gregorio PALTRINIERI (champion olympique du 1500m en 2016) qui migre ensuite sur l’eau libre sur 10 kilomètres.

Dernier exemple, Lance ARMSTRONG, qui bottait les fesses des meilleurs pro américains, sur des triathlons courte distance à 15 ans, avant de connaître une carrière internationale en cyclisme (il a été pris par la patrouille (lui aussi..) mais cela reste pour moi un grand athlète (ce n’est que mon avis, je ne cautionne en rien le dopage que l’on se rassure)).

Dernier point, si vous avez été blessé ces dernières saisons, et si vous êtes limité (mécaniquement parlant), il faut là aussi s’interroger sur la pertinence du projet.Est ce que le squelette pourra supporter la charge de travail (forcément supérieure, au moins sur certains cycles de travail)?

Oui les triathlons longues distances peuvent être de superbes expériences sportives et de vie, mais allez au casse pipe n’est parfois pas la meilleure stratégie.

Bonne réflexion

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Rédigé par :

Rodolphe D.

Rodolphe D.

Dans le monde triathlétique depuis 1990.