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Portrait de Jacky ARNAUD qui nous parle de sport et du temps qui passe

« Ce sport il me permet de rencontrer des jeunes comme vous, et ça me motive à ne pas lâcher pour continuer à vous suivre »

Portrait de Jacky ARNAUD, 69 ans dont 36 au TCN, qui nous parle des années qui passent en tant que triathlète.

Peux-tu nous parler de toi et de ton histoire avec le triathlon ?

Je m’appelle Jacky ARNAUD, j’ai 69 ans et je suis licencié au TCN depuis sa création en 1987 soit depuis 36 ans ! J’ai commencé ma vie professionnelle à 17 ans en tant qu’ouvrier dans le bâtiment, jusqu’à devenir contre-maître 11 ans plus tard. Puis j’ai bifurqué, j’ai travaillé au Casier Judiciaire National en tant qu’agent de service pendant 32 ans, jusqu’à ma retraite.

Quand j’étais jeune, mon sport c’était le foot, j’avais comme rêve de gosse de rentrer au FC Nantes, mais j’étais trop petit… J’ai arrêté le foot quand j’ai commencé à travailler dans le bâtiment, car les journées étaient déjà trop éreintantes. C’est autour de 30 ans, lorsque j’ai changé de métier que je me suis mis à courir. En 1985 j’ai entendu parler de triathlon : la Ville de Nantes accueillait sa première compétition. Ça m’a donné envie alors je me suis mis à nager et à faire du vélo pour être prêt pour l’édition de l’année suivante. J’étais vraiment débutant en natation, j’arrivais à peine à nager 300 m en alternant brasse et crawl. Je n’avais pas de vélo non plus, je m’en suis acheté un. C’est donc en 1986 que j’ai pris le départ de mon premier triathlon, l’équivalent d’un M (1 km natation dans l’Erdre, 37 km vélo, 12 km course à pied) que j’ai terminé en 2h35, 217e sur 241 participants (note : le 1er arrive en 1h49). L’année suivante, en 1987, le TCN a été créé, j’ai pris ma licence, et je n’ai pas arrêté depuis !

Quelles différences majeures tu as constatées dans ce sport au fil des années ?

Au niveau du club, c’est sûr qu’à l’époque c’était beaucoup plus familial, ça s’est structuré au fil du temps. Il n’y avait pas autant de créneaux d’entraînement, peut-être 2 en natation, 1 sortie vélo et je ne crois même pas qu’on avait de séances de course à pied. Nos vélos n’étaient pas aussi performants, c’étaient plutôt des engins de 12 kilos. Et il ne me semble pas qu’il y avait des femmes au club.

A l’époque la FFTri s’appelait le CONADET !

Au niveau du sport en lui-même, ça s’est beaucoup professionnalisé, le niveau général à beaucoup augmenté, le matériel n’arrête pas d’être perfectionné… Et c’est plutôt motivant, t’as pas le choix que de t’améliorer si tu ne veux pas te retrouver dans la voiture-balai !

Comment tu expliques ta constance dans ce sport ? Ce n’est pas rien de pratiquer la même activité pendant 36 ans sans jamais lever le pied !

Il y a bien sûr des périodes où j’en ai eu marre et j’ai voulu arrêter, mais j’ai tenu grâce à toutes les amitiés que je me suis faites grâce au club. J’ai créé des liens avec des personnes qui pratiquent le même sport, avec qui j’ai partagé des émotions fortes. On fait des sorties ensemble, on fait la fête chez les uns et les autres, il y a une émulation constante. S’ils partent je ne sais pas si je reste.

Pendant des années j’avais aussi cette volonté de toujours faire mieux qui m’a maintenu dans le rythme. Aujourd’hui je continue car ça me fait du bien, je me sens en forme et agile, ça m’incite aussi à maintenir une bonne hygiène de vie : bien dormir, bien manger, ne pas trop boire. Quand je vois des mecs de mon âge avec des gros bides, je suis content de continuer à m’entretenir. Puis ce sport il me permet de rencontrer des jeunes comme vous, et ça me motive à ne pas lâcher pour continuer à vous suivre.

Le triathlon, c’est aussi la porte ouverte à plein d’autres activités : j’ai fait plein de trails dont l’UTMB, plein de marathons et de sports de montagne, je découvre plein d’endroits.

Ça m’a aussi aidé dans ma vie perso, à traverser mon divorce par exemple. Si je n’avais pas eu le sport, j’aurais sans doute un peu plus sombré.

Est-ce que tu peux nous parler du recul des performances quand l’âge avance ?

Je dirais qu’aujourd’hui je suis globalement en forme, j’évite de trop tirer sur la corde sinon je risque de me blesser, mais je peux encore faire des sorties longues et de belles courses. C’est en course à pied que la régression a été la plus franche, autour de 55 ans j’ai senti la pente douce, et à partir de 60 ans la pente était raide. A l’inverse, c’est en vélo que je me maintiens le mieux, j’arrive encore à faire des sorties de 80 km à 28 km/heure de moyenne. Et en natation ça va, je suis récemment passé de la ligne 2 à la ligne 1 (moins rapide)

Il y a eu une période où je cherchais constamment à m’améliorer, aujourd’hui je suis plus dans l’optique de maintenir ce que je peux. Disons que le déclin est certain, mais qu’il se fait progressivement, ce n’est pas une chute libre.

Il y a un dicton qui dit « on ne s’arrête pas quand on vieillit, mais on vieillit quand on s’arrête », à mon âge, je sais que si j’arrête 1 an, c’est terminé, je ne raccrocherai plus les wagons.

Comment tu t’entraînes aujourd’hui et quelles sont tes objectifs pour l’année ?

Je suis sur 2 séances de natation par semaine, 3 séances de vélo/home trainer, et 1 séance de course à pied sur 7-8 km.

Mon objectif cette année, c’est de faire mes 3 compétitions, je n’ai d’ailleurs jamais failli sur cet engagement en 36 ans de licence. Je me suis déjà inscrit sur le S de La Roche sur Yon le 14 mai 2023, et le M du Lac du Bouchet (objectif club) le 8 juillet 2023.

Quelle est jusqu’à aujourd’hui ta plus grande fierté en triathlon ?

Finir le triathlon d’Embrun, un graal, c’est la course la plus difficile que j’ai faite.

La préparation a été fastidieuse, pendant 1 an c’est 25h d’entraînement par semaine, je faisais des sorties de 200 km de vélo puis j’enchaînais avec 10 km de course à pied, je prenais des RTT pour aller m’entraîner, je mangeais 6 fois par jour… Ce n’est pas à la portée de tout le monde, surtout quand tu as une famille, ça te bouffe ta vie privée. Franchement moi, ça m’avait atteint, j’étais à la limite de la blessure.

Les jeunes aujourd’hui sont plus au parfum, ils sont davantage prêts pour faire ce genre d’épreuves.

Si tu devais faire un TOP 5 des plus belles courses que tu as faites ?

  • Le plus beau c’était l’Ironman d’Embrun
  • Nouâtre (Indre-et-Loire)
  • Feneu (Maine-et-Loire)
  • Bujaleuf (Haute-Vienne)
  • La Baule, car il y a du monde

Et si tu avais un conseil à donner aux jeun’s d’aujourd’hui ?

Le triathlon c’est un sport très prenant et il faut faire attention à ce que cette passion ne prenne pas le dessus sur le reste de ta vie personnelle. Il faut veiller à bien doser sans oublier ce qu’il y a d’autre que le triathlon. On peut délaisser ses enfants par exemple. Avec du recul, je pense qu’il y a des moments où j’ai trop privilégié le sport.

 

Propos recueillis le 6 mars 2023 par Julie TRANG

 


 

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Rédigé par :

Julie TRANG